Motorail : Qu’en est-il de son existence aujourd’hui ?
Mettre sa voiture sur un train et la retrouver, intacte, à l’autre bout de la France : voilà une scène qui oscille entre charme rétro et prouesse logistique. Certains y voient un vestige d’une époque inventive, d’autres un rêve d’évasion sans compromis. Le Motorail, avec ses wagons ouverts et son parfum d’aventure, promettait des départs en vacances sans l’interminable ballet des kilomètres et des aires d’autoroute, la fatigue en moins, la liberté en plus.
Alors que la mobilité cherche un nouveau souffle, que le train s’offre une cure de jouvence, une question s’impose : le Motorail a-t-il totalement tiré sa révérence ou subsiste-t-il, quelque part, dans le réseau ferroviaire ou dans la mémoire collective ? Derrière les gares silencieuses, le récit persiste, discret mais jamais tout à fait éteint.
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Plan de l'article
Motorail : un concept qui a marqué l’histoire des voyages en train
Au fil des décennies d’après-guerre, le motorail s’est offert une place à part dans le paysage du transport en France. Le principe était simple et audacieux à la fois : embarquer sa voiture sur un train, voyager la nuit dans un compartiment douillet, puis retrouver son véhicule à l’arrivée, prêt à avaler les routes du Sud ou de la Côte d’Azur. La SNCF a lancé ce service dès les années 1960, reliant Paris à des villes comme Avignon, Marseille ou Nice.
Lignes emblématiques | Période de mise en service |
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Paris – Avignon | 1966 – 2019 |
Paris – Marseille | 1966 – 2017 |
Paris – Nice | 1966 – 2017 |
Ce motorail répondait à une demande grandissante : pouvoir voyager vite, loin, et retrouver sa propre voiture sur place. La SNCF avait investi dans des wagons adaptés à toutes les tailles de véhicules, des petites citadines aux familiales surchargées de valises.
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- Des heures de route économisées sur de grandes distances
- Moins de fatigue pour les familles, les couples, les groupes d’amis
- La liberté de mouvement une fois arrivé à destination
La France faisait figure de pionnière, là où d’autres réseaux européens hésitaient à s’engager. Le Motorail n’était pas seulement un service pratique : il symbolisait une façon de voyager, où le train offrait à la fois le confort et l’autonomie de la voiture.
Où en est réellement le service Motorail aujourd’hui ?
Le motorail tel que l’a connu la SNCF appartient désormais à l’histoire. Depuis la fin de l’Auto-Train en 2019, aucune rame ne relie plus Paris à la Provence avec des voitures à bord. Ce retrait s’explique par un modèle économique devenu trop lourd, un matériel vieillissant et des trains de plus en plus vides.
Aujourd’hui, la SNCF a fermé la porte à toute solution ferroviaire pour le transport de voitures. D’autres options émergent, mais elles n’ont plus rien à voir avec le rail. Le service Hiflow se charge, par exemple, d’acheminer les véhicules par camion, conduits par des chauffeurs professionnels.
- Le service Hiflow fonctionne par la route et relie l’Île-de-France aux grandes agglomérations.
- La SNCF ne prévoit pas de relancer le motorail sur rail, du moins à court terme.
La logistique a pris le dessus, éloignant toujours plus le rêve d’un voyage sur rails, voiture embarquée. Le motorail français, jadis référence européenne, laisse désormais le champ libre à de nouveaux acteurs, pendant que ses wagons dorment dans les dépôts.
Pourquoi le Motorail a-t-il disparu de la plupart des gares françaises ?
La lente extinction du motorail résulte d’un mélange d’impasses économiques et de mutations profondes du secteur ferroviaire. La SNCF a dû composer avec des trains qui roulaient à moitié vides, générant des pertes financières croissantes. Dès les années 2000, la rentabilité n’était plus au rendez-vous pour le transport de véhicules sur rails.
Avec l’accélération de la grande vitesse ferroviaire, les priorités se sont déplacées. Entretenir un matériel roulant dédié, de plus en plus vétuste et incompatible avec les standards récents, devenait un casse-tête budgétaire.
- Les lignes motorail historiques — Paris-Avignon, Paris-Nice — ont fermé l’une après l’autre, faute de passagers.
- La concurrence de la route et de l’avion a sapé les fondations du modèle.
Les modes de déplacement ont, eux aussi, changé de visage : location de voiture à l’arrivée, covoiturage, multiplication des offres de mobilité. Résultat, l’Auto-train a été sacrifié sur l’autel de la rationalisation. Une page se tourne, celle d’un voyage où le train ne transportait pas seulement des passagers, mais toute une vie embarquée sur quatre roues.
Quelles solutions pour voyager avec sa voiture en 2024 ?
En 2024, plus aucun train français ne permet de traverser le pays avec sa voiture à bord. La SNCF a définitivement tiré un trait sur le motorail historique, laissant le terrain libre à d’autres acteurs, souvent privés, parfois hybrides. Pourtant, les besoins persistent et quelques alternatives existent pour éviter le marathon autoroutier sans renoncer à son véhicule.
- Le service Hiflow propose d’acheminer les voitures par la route, à l’aide de chauffeurs professionnels ou de camions porte-voitures. Cette solution s’adresse avant tout à ceux qui tiennent à retrouver leur véhicule sur place, sans l’avoir conduit sur des centaines de kilomètres.
- En Europe, certaines compagnies comme Nightjet permettent toujours de voyager de nuit avec sa voiture, notamment entre l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie. Mais la France reste absente de ces circuits.
- L’Eurotunnel Le Shuttle relie la France à l’Angleterre, offrant une traversée express sous la Manche, voiture embarquée, en moins de 35 minutes.
Ce vide laissé par la disparition du service français interroge. Les voyageurs doivent désormais composer avec des offres dispersées, souvent plus coûteuses et moins pratiques que le motorail d’antan. L’Europe expérimente, innove, mais la magie du train français transportant familles et voitures vers le soleil reste sans équivalent. Peut-être qu’un jour, le bruit d’un wagon chargé de voitures résonnera à nouveau dans les gares… ou restera, tout simplement, le doux souvenir d’un temps où voyager rimait avec audace et inventivité.