La production de la Citroën 2 CV a débuté en 1948 et s’est poursuivie sans interruption jusqu’en 1990, soit plus de quarante années. Malgré des performances modestes et un design minimaliste, ce modèle a totalisé plus de cinq millions d’exemplaires vendus à travers le monde.
Conçue pour simplifier la vie rurale et répondre à des besoins quotidiens essentiels, la 2 CV intègre des solutions techniques inattendues pour son époque. Son histoire croise régulièrement des innovations industrielles, des choix économiques radicaux et des anecdotes liées à la culture populaire française.
Plan de l'article
Citroën 2 CV : comment une voiture simple est devenue une légende
Lancée à l’initiative de Pierre-Jules Boulanger, alors aux commandes de Citroën, la 2 CV avait une mission concrète : mettre la voiture à la portée du plus grand nombre en France. Aux portes de la Seconde Guerre mondiale, une feuille de route stricte s’impose : légèreté, économie, capacité d’emport de quatre personnes et cinquante kilos de pommes de terre. Dans le secret de l’usine du quai de Javel, des têtes chercheuses, André Lefebvre et Pierre Michelin, redéfinissent ce que peut être une automobile, en l’adaptant aux routes cabossées de la ruralité française.
En 1948, la 2 CV fait une entrée remarquée au salon de l’automobile de Paris. Ce qui frappe d’emblée : sa simplicité, presque provocante. Carrosserie ondulée, moteur bicylindre refroidi par air, suspension étonnamment souple… La voiture détonne, loin des canons habituels de l’industrie automobile. Et dès que la production reprend après la guerre, l’usine de Levallois tourne à plein régime. Les commandes affluent, les délais s’allongent : la France s’arrache ce nouveau modèle.
Année après année, la 2 CV conquiert la campagne, les villes, les étudiants, les familles modestes. Elle sillonne la France, franchit les frontières, s’invite dans d’autres pays européens. Si elle tient sa légende, c’est grâce à cette fidélité constante à son idée de départ : permettre à chacun de se déplacer, sans fioriture. La 2 CV, c’est la liberté accessible, incarnée dans une tôle ondulée.
Qu’est-ce qui rend la 2 CV immédiatement reconnaissable ?
La deux chevaux frappe par une allure qu’on ne confond pas. Ses lignes arrondies, le toit amovible en toile, ce capot nervuré typique : rien n’est laissé au hasard. Ici, pas d’esbroufe : le dessin va à l’essentiel. Même les premières versions, de la Citroën Type AZLP à l’AZAM, gardent la même ossature : quatre portes, ailes détachées, jantes fines. Cette silhouette, on la repère à distance sur n’importe quelle route.
Voici ce qui définit, de façon tangible, la structure des modèles emblématiques :
- quatre portes,
- des ailes détachées du corps,
- des jantes fines.
Les teintes participent aussi à l’identité de la 2 CV. La Charleston, par exemple, attire les regards avec sa robe bicolore, noir et rouge Delage, ou gris cormoran nocturne. Certaines séries spéciales, à l’image de la Citroën Sahara à double moteur, ajoutent une note d’originalité, sans jamais rompre avec la philosophie d’origine.
Quelques détails pratiques accentuent encore ce style unique :
- Toit repliable qui transforme la voiture en cabriolet improvisé
- Portes à ouverture inversée, détail disparu de la plupart des voitures modernes
- Malle plate sur les versions Type AZLP, reconnaissable entre toutes
De Paris aux chemins de campagne, la 2 CV s’est imposée partout en Europe. Elle traverse les époques et les frontières, sans jamais diluer ce qui fait sa force : une identité visuelle marquée, synonyme de liberté et d’inventivité signées Citroën.
Des innovations techniques inattendues pour l’époque
Après la guerre, Citroën fait le pari de sortir des sentiers battus. La 2 CV, pensée par André Lefebvre et Pierre-Jules Boulanger, ose des solutions techniques inédites pour une voiture populaire.
Le moteur bicylindre à plat, conçu par Walter Becchia, tranche avec la tradition des blocs lourds : il est léger, refroidi par air, et très simple à entretenir. Ce choix élimine le superflu, tout en assurant une fiabilité remarquable. La puissance n’a rien d’extravagant, mais l’efficacité colle parfaitement aux petites routes de l’Hexagone. Autre atout rare à l’époque : une boîte de vitesses à quatre rapports, qui rend la conduite accessible même aux débutants.
L’embrayage centrifuge, autre trouvaille signée Citroën, simplifie la vie au volant : plus besoin d’effort pour changer de vitesse, un vrai plus pour ceux qui n’avaient jamais conduit. À l’intérieur, le tableau de bord évolue au fil du temps, annonçant déjà la rationalisation qui viendra plus tard dans l’automobile.
Ces spécificités techniques, rarement vues dans une voiture aussi accessible, rendent la 2 CV unique :
- Moteur bicylindre à plat : mécanique dépouillée, entretien facile
- Embrayage centrifuge : prise en main rapide, sans appréhension
- Boîte quatre vitesses : souplesse d’utilisation
La 2 CV prouve ainsi que l’audace technique n’est pas réservée aux modèles haut de gamme. Elle transforme l’automobile populaire en laboratoire d’idées, loin de la simple fonction utilitaire.
Anecdotes et héritage : la 2 CV, symbole vivant de la culture française
La 2 CV n’est pas qu’un objet, ni même un simple véhicule : elle fait partie du paysage social et culturel en France. Dès l’après-guerre, elle accompagne tous ceux qui ont besoin de mobilité : instituteurs, agriculteurs, étudiants rêvant d’évasion. Que ce soit dans les rues des villes ou sur les chemins des villages, sa silhouette interpelle, ses couleurs (du rouge au gris cormoran) marquent la mémoire.
Son histoire est jalonnée de récits étonnants. Certains exemplaires ont traversé le Sahara, affrontant la poussière, la chaleur et l’imprévu. D’autres, menés par des passionnés, ont franchi les cols suisses. Partout, des clubs de passionnés, les fameux deuchistes, font vivre la légende, organisant rassemblements et restaurations. Leurs histoires alimentent une mémoire collective, où la 2 CV côtoie des modèles Peugeot ou Renault, sans jamais s’effacer.
Années phares | Événements marquants |
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1948 | Présentation au salon de l’Automobile de Paris |
1975 | Lancement de la série Charleston |
La 2 CV s’est émancipée du seul univers de l’automobile française. Elle attire aujourd’hui collectionneurs et amateurs, aussi bien en Europe qu’en Suisse ou en Allemagne , jusqu’à séduire des inconditionnels de Volkswagen et de Porsche. Symbole de débrouillardise, d’inventivité et de plaisir, elle rappelle une époque où la simplicité rimait avec l’art de vivre. Encore aujourd’hui, croiser une 2 CV sur la route, c’est comme voir passer un clin d’œil complice du passé.